Aujourd’hui, je vais te partager une erreur couteuse que j’ai faite, et ce deux fois plutôt qu’une. J’espère ne plus jamais la refaire et que tu ne la feras jamais.

Investir dans le narratif

En bourse, ce que j’appelle le narratif, c’est l’histoire qui se raconte autour d’une compagnie ou d’une industrie.

Cette histoire est habituellement racontée par la compagnie elle-même, mais elle peut aussi être racontée par les médias, d’autres investisseurs ou par soi-même. Grâce au narratif, j’ai concrètement perdu plus de 1400 $. Voici ce qui m’est arrivé:

Taiga Motors

On est au début de 2022 et je découvre un fleuron québécois qui veut révolutionner l’industrie du sport motorisé avec des motoneiges et des motomarines complètement électriques. Le gouvernement québécois y a investi plusieurs millions de dollars et les produits sont haut de gamme. C’est une startup de 2021 qui a du potentiel. Le virage vert me tient à cœur et je choisis d’investir 400$ même si la compagnie n’a aucun revenu pour le moment.

Le temps passe et l’action perd de la valeur. L’un des fondateurs tient une conférence de presse magnifique, la compagnie a commencé la production, les carnets de commandes sont plein à craquer et les prototypes sont exceptionnels ! Je double ma position et le prix de l’action remonte. Je ne suis pas le seul qui a apprécié les beaux mots.

Peu de temps après, la compagnie affiche des revenus relativement faibles contrairement à ce que le fondateur avait prédit. Mais bon, ça arrive avec les startups. Le prix de l’action se met à redescendre et la rentabilité aussi. Le gouvernement québécois leur donne une subvention de quelques millions de dollars pour les aider. J’en rachète encore plus, car c’est vraiment pas cher. Ma valeur d’achat totale est de 1400$ et ça en vaut à peine 350$.

En septembre 2024, la compagnie déclare faillite et est rachetée par un investisseur étranger. Ce qui veut dire que le gouvernement québécois et presque tous les investisseurs (comme moi) ont perdu la totalité de leur argent. Bye Bye Money !

La triste réalité

Une histoire, c’est une histoire, et ce qui s’y dit ne représente pas toute la réalité.

La triste réalité est que la chaine de production n’était pas capable de produire des produits d’aussi bonne qualité que les prototypes, les pièces brisaient, il fallait faire plein d’ajustements couteux et comme la chaine de montage ne roulait pas à plein régime, ça coutait cher en employés. Il y a eu plein de mises à pied temporaires et j’en passe. C’était un flop pur et dur, mais personne ne l’a dit avant la fin, sauf les chiffres. Les bénéfices étaient nuls. Mais je n’ai pas regardé les chiffres, juste le narratif, et j’en ai payé le prix.

Mot de la fin

Une histoire devrait toujours être supportée par des chiffres tangibles. Le rêve à lui seul ne rapporte rien.

Tu peux éviter de reproduire mon erreur en restant à l’affût des beaux narratifs, il y en a partout, et en basant tes décisions sur des chiffres qui concordent avec l’histoire racontée.